La série photographique Noctambules est une balade entre nuits et aubes, de Paris à la Normandie.
J’aimerais que chaque photo porte un peu de l’étrangeté de la période.
J’aimerais que chaque photo porte un peu de l’étrangeté de la période.
Les photos répondent au poème-texte, le poème-texte répond aux photos.










Il faut que j’arrive à te l’expliquer
je m’adresse à toi car je ne peux plus parler toute seule
te dire
quand on le regarde de trop près le monde est étrange
il a toujours été très étrange
mais en ce moment c’est différent il semble que c’est la fin d’un cycle
te parler me permet de clarifier les évènements
tout à commencé ce matin
très tôt
je suis dans mon lit la fenêtre ouverte sur la cour
(le lit est au bord de la fenêtre
la fenêtre au bord d’une cour)
dans la cour il y a quelques merlesils chantent
je ferme les yeux pour mieux les voir
ils doivent être trois
trois merles seuls dans le noir
et là notre monde m’est apparu
décharné
la vision éclatante
très claire
le monde déjà s’est éteint
son aquarelle fluide ne parvient plus jusqu’aux humains
il faudrait que tu viennes constater
viens dans la chambre n’enlève pas tes chaussures
écoute les variations
ils chantent les merles
mais au fond de leur voix
quelque chose de fébrile
je m’adresse à toi car je ne peux plus parler toute seule
te dire
quand on le regarde de trop près le monde est étrange
il a toujours été très étrange
mais en ce moment c’est différent il semble que c’est la fin d’un cycle
te parler me permet de clarifier les évènements
tout à commencé ce matin
très tôt
je suis dans mon lit la fenêtre ouverte sur la cour
(le lit est au bord de la fenêtre
la fenêtre au bord d’une cour)
dans la cour il y a quelques merlesils chantent
je ferme les yeux pour mieux les voir
ils doivent être trois
trois merles seuls dans le noir
et là notre monde m’est apparu
décharné
la vision éclatante
très claire
le monde déjà s’est éteint
son aquarelle fluide ne parvient plus jusqu’aux humains
il faudrait que tu viennes constater
viens dans la chambre n’enlève pas tes chaussures
écoute les variations
ils chantent les merles
mais au fond de leur voix
quelque chose de fébrile
écoute bien
leurs chants entre les conteneurs n’arrivent plus à combler
les espaces vides
le périph derrière eux gronde
fais abstraction
c'est un bruit de fond qui ne s’éteint plus
de jour comme de nuit
les semi-remorques foncent chargés des petites pièces d’usines
leurs chants entre les conteneurs n’arrivent plus à combler
les espaces vides
le périph derrière eux gronde
fais abstraction
c'est un bruit de fond qui ne s’éteint plus
de jour comme de nuit
les semi-remorques foncent chargés des petites pièces d’usines
j’essaye de me rendormir
trop tôt il est vraiment trop tôt
le téléphone affiche 4h54
mes oreilles tendues restent haletantes
à écouter leurs pauvres chants dans le silence
les pauvres chants qui ressemblent à un autre silence
et comme d’habitude la nuit est partie puis elle est revenue
ce soir-là sur la grande place il y a eu des émeutes
au début la colère des gens étaient une fête
les barricades en bûchers
sous la fumée noire les politiciens haranguent la foule
on va tenir toutes les nuits sur cette place jusqu’à
le retrait de la loi
le monde soit juste
l’air respirable
nous avons applaudi sifflé notre joie notre violence
la foule a jeté dans le bûcher les poubelles les pancartes
le feu a grossi
comme un animal de cirque elle lui donne à manger
espérant l’apprivoiser
trop tôt il est vraiment trop tôt
le téléphone affiche 4h54
mes oreilles tendues restent haletantes
à écouter leurs pauvres chants dans le silence
les pauvres chants qui ressemblent à un autre silence
et comme d’habitude la nuit est partie puis elle est revenue
ce soir-là sur la grande place il y a eu des émeutes
au début la colère des gens étaient une fête
les barricades en bûchers
sous la fumée noire les politiciens haranguent la foule
on va tenir toutes les nuits sur cette place jusqu’à
le retrait de la loi
le monde soit juste
l’air respirable
nous avons applaudi sifflé notre joie notre violence
la foule a jeté dans le bûcher les poubelles les pancartes
le feu a grossi
comme un animal de cirque elle lui donne à manger
espérant l’apprivoiser
alors la police s’est resserrée en nasse autour de la place
dernière sommation dans le mégaphone
de l’autre côté de la rive le parlement
son grand drapeau bleu blanc rouge
cette dernière vision d’un phare qui s'éteint
puis les cris
la police a chargé
les grenades des gaz lacrymogènes quand elles explosent
sur le sol répandent une huile rouge
devant moi un homme tombe
allongé dans l’herbe en attendant les secours
il supplie une cigarette
j’ai croisé le visage d’un flic
il était jeune plus jeune que moi
j’ai fouillé ses pupilles et il n’y avait que
la peur
une peur immense qui avale tout même le plus léger des vertiges
le genre de regard qu’on doit garder en soi toute une vie
qui revient nous hanter sous forme de flash
puis
il y a ceux qui ont couru
il y a ceux qui sont restés
dans ce corps à corps l’énergie de la haine allège
j’ai couru
derrière moi les chocs des pavés sur les casques
des hommes qu’on traine
leur lourdes peaux râpent le trottoir
j’ai couru encore
jusqu’au silence de la chambre
je n’ai pas allumé la lumière
je n’ai pas enlevé mes chaussures
dans la pénombre je suis restée droite
longtemps
à écouter par la fenêtre ouverte
sans les merles la nuit
et cette nuit sans leurs chants était pour moi
et pour tous ceux dans la cour
un cri sourd
nous avons attendu
nous avons retenu notre souffle
longtemps
dans l’abysse du silence le chant des merles serait une déflagration
mais rien
rien n’est venu si ce n’est l’aube
il faut que j’arrive à l’expliquer
j’aimerais que tu comprennes
sous mes paupières closes l’imagination brûle
aucun soupir aucun sanglot pourtant
dans le lit j’ouvre des chemins vers des mondes qui font du bien
c’est tout
la chambre le lit la fenêtre qui alterne sur le jour et la nuit
j’attends les paupières bien fermées
j’attends l’explosion
dernière sommation dans le mégaphone
de l’autre côté de la rive le parlement
son grand drapeau bleu blanc rouge
cette dernière vision d’un phare qui s'éteint
puis les cris
la police a chargé
les grenades des gaz lacrymogènes quand elles explosent
sur le sol répandent une huile rouge
devant moi un homme tombe
allongé dans l’herbe en attendant les secours
il supplie une cigarette
j’ai croisé le visage d’un flic
il était jeune plus jeune que moi
j’ai fouillé ses pupilles et il n’y avait que
la peur
une peur immense qui avale tout même le plus léger des vertiges
le genre de regard qu’on doit garder en soi toute une vie
qui revient nous hanter sous forme de flash
puis
il y a ceux qui ont couru
il y a ceux qui sont restés
dans ce corps à corps l’énergie de la haine allège
j’ai couru
derrière moi les chocs des pavés sur les casques
des hommes qu’on traine
leur lourdes peaux râpent le trottoir
j’ai couru encore
jusqu’au silence de la chambre
je n’ai pas allumé la lumière
je n’ai pas enlevé mes chaussures
dans la pénombre je suis restée droite
longtemps
à écouter par la fenêtre ouverte
sans les merles la nuit
et cette nuit sans leurs chants était pour moi
et pour tous ceux dans la cour
un cri sourd
nous avons attendu
nous avons retenu notre souffle
longtemps
dans l’abysse du silence le chant des merles serait une déflagration
mais rien
rien n’est venu si ce n’est l’aube
il faut que j’arrive à l’expliquer
j’aimerais que tu comprennes
sous mes paupières closes l’imagination brûle
aucun soupir aucun sanglot pourtant
dans le lit j’ouvre des chemins vers des mondes qui font du bien
c’est tout
la chambre le lit la fenêtre qui alterne sur le jour et la nuit
j’attends les paupières bien fermées
j’attends l’explosion